Sébastien Faure 2ème partie

mercredi 5 juillet 2017
par  Rep

Dans le dernier numéro de « L’Éclat », nous avons appris que Sébastien Faure venait régulièrement dans l’Ain pour donner des conférences. Parfois elles pouvaient être houleuses, certains n’hésitant pas à faire des procès, non pas envers l’homme, mais surtout envers ses idées.

Au moment même où se tient le procès, Sébastien Faure se trouve dans la région pour une série de conférences. Dès le 6 mars 1901, il est à Genève.

Le commissaire spécial de la gare de Bellegarde, Casanova, rapporte le 7 mars 1901 que, la veille, Sébastien Faure a donné à Genève une conférence publique et contradictoire dans une salle comble, salle Bonfantini, avec plus de 1100 personnes dont 200 femmes. Le sujet de la discussion portait sur « L’idée de Dieu » : quels que soient les cultes, catholique, bouddhiste ou musulman, ils vont tous disparaître, remplacés par la science. Ces différents cultes ne sont que « de vastes champs d’exploitation de la crédulité des masses dont les puissants ont toujours su tirer un parti avantageux ».

Le lendemain, toujours dans la même salle, l’orateur s’est adressé à 800 personnes composées d’ouvrierEs, d’étudiantEs, de ministres des différents cultes, de professeurEs de l’université et d’instituteurs et institutrices. Le sujet était « En route vers la liberté ». La conférence dure trois heures et demie. Sébastien Faure expose une nouvelle philosophie. La misère devrait être combattue par l’éducation et l’action sociale pour retrouver le progrès, la liberté et le bonheur ; mais trois « ennemis » empêchent d’atteindre cet objectif. C’est « l’homme de proie » c’est à dire le capitaliste, c’est « l’homme de ruse et de mensonge » c’est à dire le prêtre, et c’est « l’homme de violence et de brutalité » c’est à dire le guerrier qui ont accaparé les richesses au détriment de l’esclave, du serf et du prolétaire. Pour sortir de leurs conditions « rendues impossibles par les exigences du capitalisme », les prolétaires doivent se révolter ou faire grève. Les prolétaires font grève pour « le ventre, l’idée et la solidarité ». C’est pourquoi la Révolution sociale est la condition d’une ère nouvelle.
Des contradicteurs se présentent, essentiellement des gens du culte.

Le 8 mars, Sébastien Faure est de nouveau dans la même salle devant plus de mille personnes. Dans sa conférence, il montre le rapport entre le politicien, au service de l’État et les forces de l’ordre, au service des politiciens. Il montre aussi les limites du système représentatif. Pour lui, il faut abolir toutes les lois pour atteindre la liberté.
Pour la première fois, le mot « Anarchie » est rapporté. Elle correspond à l’organisation « de la société de façon qu’il n’y ait plus de chefs qui commandent ni de valets qui obéissent ».

Sébastien Faure fera d’autres conférences à Genève, au Bâtiment Électoral, dans les jours qui suivent sur d’autres thèmes comme « Charité et Solidarité ».
Le 24 avril 1901, Sébastien Faure est à Bourg, à la salle des fêtes, devant 200 personnes, dont une vingtaine de socialistes dissidents du groupe de Bourg. Il développe le thème « La Croisade du 20ème Siècle » où il présente l’homme d’argent, l’homme de mensonge et l’homme de force. Ces trois hommes représentent la Réaction. Il faut supprimer capitalistes, congrégations religieuses et armée, et redonner tous les pouvoirs aux gens.

À la fin de la conférence, l’orateur annonce qu’il restera encore quelques mois dans la région.

On a encore des traces de son passage à Oyonnax, le 18 mai, à la salle du Tivoli, devant un parterre de 200 personnes.

Sébastien Faure faisait des conférences pour diffuser les idées qu’il défendait. Le prix d’entrée était de 50 centimes. Cet argent servait à soutenir les différents journaux libertaires comme Le Libertaire ou Le Quotidien. Plus tard, à partir de 1904, cet argent servira à financer La Ruche, école libertaire fondée par Sébastien Faure, dans les Yvelines. Selon Sébastien Faure, « La Ruche est une œuvre de solidarité et d’éducation. Par la vie au grand air, par un régime régulier, l’hygiène, la propreté, la promenade, les sports et le mouvement, nous formons des êtres sains, vigoureux et beaux. » Cette expérience prendra fin en 1917. Mais ceci est une autre histoire.