Qui était Ngo Van (1912-2005) ?

Décembre 2014
jeudi 12 février 2015
par  Em

Ngo Van Xuyet naît en 1912 dans une famille paysanne à Tan Lo, près de Saigon (Viêtnam).

Il travaille dès l’âge de 14 ans, et commence à militer dans les années 30 contre le pouvoir colonial en place. Son engagement auprès des ouvriers et paysans vietnamiens lui vaut la prison et la torture des autorités françaises. Il se rend très vite compte que la lutte contre le colonialisme doit s’étendre au combat de classe dans un but de révolution sociale.

Cette divergence de vue avec le PCI (Parti Communiste d’Indochine) lui vaut ainsi qu’à ses compagnons trotskystes la haine du Viêt Minh lancé dans une tortueuse stratégie pour prendre le contrôle et le pouvoir dans ces luttes par le double jeu avec les autorités françaises, le mensonge, l’intimidation et le meurtre.

Il se voit contraint de fuir en France en 1948 pour échapper à ses anciens compagnons de lutte décidés à éliminer toute contestation. La purge menée par le le Viêt Minh est terrible ; par exemple, sur les dix compagnons qui figurent avec lui sur la couverture de son livre Au pays de la cloche fêlée, six seront assassinés par le Viet Minh .

Il travaille en France comme ouvrier, d’abord à l’usine Simca à Nanterre, puis chez Jeumont Schneider et restera ouvrier jusqu’à sa retraite en 1978. C’est sans étiquette et sans parti qu’il partage les luttes ouvrières, militant après sa rencontre avec Maximilien Rubel et Jean Malaquais, au sein des groupes communistes de conseils, d’abord à Informations et Correspondances Ouvrières, puis dans le groupe Échanges et Mouvement, et échange aussi beaucoup avec les groupes conseillistes hollandais et allemands.

Parallèlement à ses activités professionnelle et militante, il s’adonne à la peinture, écrit, lit de la poésie, entame des études ( il est diplômé de l’École des Hautes Études et, plus surprenant, devient docteur en histoire des religions à l’heure de sa retraite). Ngo Van est un homme très ouvert et aux goûts éclectiques, qui s’intéresse à tout ; il publie une thèse : Divination, magie et politique dans la Chine ancienne, un recueil de contes, divers textes sur son expérience militante et trois livres sur sa vision de l’histoire du Viêtnam de 1920 à 2005, date de sa mort .