Que cache la lutte contre la pseudo « fraude au RSA » ?

Octobre 2015
dimanche 28 février 2016
par  Bernard

Cet automne verra la mise en activité de la « brigade anti-fraude au RSA » annoncée à grands renfort de publicité par le nouveau président du département de l’Ain et voté par l’assemblée départementale fin juin dernier. Selon les dires de M. Abad ce ne serait pas tant par l’argent que cela va faire « économiser » que par souci de « moraliser l’action sociale » et de « justice sociale » qu’il a décidé cette campagne de chasse aux pauvres.

Tous types de RSA confondus, il y a aujourd’hui dans l’Ain environ 11 500 bénéficiaires de cette allocation. Son coût total est de près de 40 millions d’euros, sachant qu’une personne seule touche 513,88 euros et un couple avec deux enfants 1079,15 euros. Il faut noter que selon l’Observatoire National de l’Action Sociale (ODAS) 36% des personnes pouvant en bénéficier ne le demandent pas.

Ce qui pose vraiment problème aux finances du département dans sa politique d’action sociale peut se résumer en deux éléments principaux :
- Si en 2009 l’État compensait les dépenses sociales à hauteur de 90%, c’est seulement 65% aujourd’hui.
- Entre septembre 2011 et octobre 2014 le nombre d’allocataires a augmenté de 24% dans l’Ain.

En clair cela coûte de plus en plus cher et le financement n’est plus totalement assuré du fait des choix politiques de l’État et du patronat.

De plus, personne ne peut prévoir une baisse des effectifs, bien au contraire. Les postulantEs au RSA seront de toute évidence plus nombreux demain car leur nombre est en lien direct avec le nombre de chômeurEs. Or dans l’Ain la courbe du chômage ne s’inverse pas. En un an, l’augmentation du taux de chômage dans la catégorie A (aucun emploi du tout) a été de 8,7% ; le plus mauvais résultat de la région !

Pour nous, il est clair que cette pseudo « lutte contre la fraude au RSA » cache en fait une gestion purement économique de cette situation de précarité. Plutôt que de s’attaquer aux inégalités sociales et économiques, de poser le problème de la répartition des richesses, le pouvoir politique préfère détourner l’attention des populations sur les plus fragiles, boucs émissaires habituels des frustrations sociales. C’est toujours le pauvre, l’Arabe, le fainéant, l’exclu qui est fautif et source de tous nos problèmes.

Comment M. Abad peut-il parler de « morale » et « de justice sociale » à propos de populations vivant avec un revenu à la limite et souvent en dessous du seuil de pauvreté, alors qu’avec le SMIC à 1150 euros il n’est pas possible de vivre !
Frauder ? Mais c’est de fait une question de survie et même un droit, pour celles et ceux qui galèrent dans une misère noire et sans fin !

M. Abad, comme touTEs les politicienNEs, enrobe sa démagogie d’un chapitre sur la réinsertion qu’il entend développer. Comme s’il suffisait d’apprendre à « gérer » une allocation de merde pour s’en sortir ! Mais de qui se moque-t-il ?

A coup sûr, l’automne va voir une relance de ces discours fascisants, manipulations des réalités économiques distillant la haine de l’autre. C’est qu’en décembre 2015 M. Abad et ses concurentEs d’extrême-droite vont se tirer la bourre pour gagner de nouveaux postes régionaux. Il va lui falloir annoncer des résultats chiffrés et marteler que les fraudeurEs existent bel et bien, quitte à trafiquer les chiffres.

Assurément nos ambitions n’ont rien à faire de leurs pantomimes électorales. Continuons à proposer des perspectives émancipatrices. Cherchons à nous rassembler et nous organiser pour renforcer les liens d’entraide, de solidarité et de lutte qui ne sont pas si absents que cela !

Octobre 2015