Pour conserver son « monopole » de l’emploi, la structure Pôle Emploi se doit d’une part de faire baisser les chiffres du chômage, d’où des radiations de plus en plus nombreuses, l’accélération et l’augmentation des « vérifications de recherche d’emploi », et d’autres part d’être en mesure d’offrir le plus grand nombre d’offre d’emploi, quelles qu’elles soient...

On s’en souvient, la mise en place de Pôle Emploi 2015, en 2014, a démarré avec le nouvel accompagnement des demandeurs d’emploi. L’accompagnement renforcé est censé être destiné aux personnes dites « éloignées de l’emploi ». Des personnes sans expérience professionnelle, sans diplômes, sans moyen de locomotion, handicapées par des problématiques sociales et/ou de santé (dépendances, contexte familial, logement...). L’accompagnement guidé, quant à lui, concerne des personnes plus proches de l’emploi, et l’on s’arrange bien pour n’inclure dans cette catégorie que des personnes dont on sait, qu’après mise en place d’une mesure (contrat aidé, formation qualifiante ou diplômante...) elle retrouveront un CDD d’au moins 6 mois, ce qui aura pour conséquence d’enrichir les statistiques des « sorties positives » de Pôle Emploi. Enfin, l’accompagnement suivi concerne officiellement, ceux qui sont autonomes dans leur recherche d’emploi, auquel on ajoute ceux pour lesquels on ne peut absolument rien faire. À quoi bon recevoir ces cas désespérés ?

En même temps, face à la floraison des sites internets et autres agences spécialisées dans le « coaching vers l’emploi », le recrutement pour entreprises et autres détenteurs d’offres, la structure nationale afin de redorer son blason envers les employeurs et les inciter à passer par elle pour tout recrutement, a proposé là aussi, 3 accompagnements différents.

Là où le conseiller professionnel, dont la tâche principale était d’accompagner un demandeur d’emploi dans l’utilisation de toutes les ressources existantes pour retrouver un emploi, celui-ci devient un véritable DRH. Il définit avec l’employeur, son besoin exact en matière humaine et en compétences, rédige une annonce (au passage l’envoie à d’éventuels candidats qui seront radiés s’ils ne répondent pas favorablement à l’offre), reçoit les candidats, pour n’en retenir qu’un nombre préalablement défini avec l’employeur. Le demandeur d’emploi pourra alors candidater une deuxième fois, cette fois-ci auprès de l’employeur. Un second accompagnement employeur, se veut lui, plus léger. Le Conseiller passe l’offre d’emploi, sélectionne ceux qui répondent mathématiquement aux critères, même s’il n’a aucune connaissance quant au poste proposé et exclut donc ceux qui, avec un minimum de réflexion auraient été de très bons candidats mais qui ne répondent pas exactement aux critères. Enfin, la possibilité est offerte aux employeurs de tout gérer eux mêmes, jusqu’à la publication de l’offre d’emploi. Les grands professionnels de la structure vérifient la légalité de l’offre, et l’employeur gère le reste. Et l’offre d’emploi est effectivement vérifiée ! Jamais vous ne trouverez une offre d’emploi sans sa version féminine et masculine (en dehors des professions autorisant cette pratique comme le cinéma, le mannequinat etc.). En revanche, des appellations erronés passent sans problème (maître chien et conducteur cynophile pour ne citer que cet exemple). Quand à la légalité de l’offre.... On peut se poser des questions. En effet, la structure propose de plus en plus d’emplois non rémunérés. Il faut dire que le chômeur a obligation de recherche d’emploi, pas obligation de percevoir un salaire... Que dire de ces annonces, qui obligent subtilement le demandeur d’emploi à payer un abonnement pour que sa candidature soit étudiée ? Exemple pour n’en signaler qu’un : l’annonce « Livreur offre 019TXQY » qui oblige à télécharger un logiciel via la société Blinkogold afin d’éviter les spams, seule procédure pour que la candidature soit étudiée rappelle-t-on, et c’est ainsi que vous vous retrouvez avec un abonnement hebdomadaire d’un montant de 3,99€, pour lequel il vous faudra faire preuve de beaucoup de courage et de ténacité pour obtenir la résiliation... Donc payer pour candidater pour un poste qui probablement n’a jamais existé. Parfaitement au courant de cette pratique, Pôle Emploi a depuis le 19 septembre 2014 trouvé solution au problème, non pas en vérifiant ses propres annonces, mais en nous conseillant, via une petite note bien cachée sur son site, d’être vigilants. Et que dire encore de ces propositions d’emploi nécessitant de devenir auto-entrepreneur ?

Autre astuce de la structure nationale, pour offrir un grand nombre d’offres d’emploi, le « partenariat ».
Parmi ces partenariats, citons tout d’abord celui entre Pôle Emploi et les agences intérimaires. Pour qui connaît les méthodes de ces agences, et pour qui y a travaillé, il est connu qu’elles pratiquent absolument toutes ce qu’elles appellent : « la constitution de viviers ». C’est à dire diffuser des offres pour des postes qui n’existent pas, afin d’avoir toujours sous la main un nombre de CV et donc de candidats potentiels suffisant pour faire face à une grosse demande d’employeurs. Or ces offres sont remises à jour tous les jours sur le site de Pôle Emploi, parfois même en double, et souvent, sans aucune indication (salaire, temps de contrat et/ou de travail etc). Mais peut importe, ça fait du chiffre et c’est tout ce qui compte. Et comme on dit à Pôle Emploi, « on ne peut pas se permettre de se passer des offres intérimaires ». Citons également les offres d’emplois issues d’autres sites internet, parmi lesquels le bon coin ou encore Vivastreet, dont le dernier est plus connu pour ces annonces (Erotica) d’escorting que pour le sérieux de ses offres d’emplois. Combien de personnes se seront faites abusées par du travail à domicile, pour lequel il faut d’abord payer un droit d’accès au dossier, avant de se rendre compte... qu’il n’y a aucun emploi derrière ?

Terminons enfin par un magnifique exemple de démonstration de force, de puissance de la structure nationale, les Forums pour l’emploi !
Afin de démontrer que Pôle Emploi est force de propositions auprès des employeurs, et qu’elle obtient une grande écoute dans cette catégorie, des Forums pour l’emploi sont régulièrement mis en place. Il faut bien reconnaître que la tâche est difficile. Convaincre des patrons de venir passer une journée à voir défiler du bétail n’est pas une mince affaire. C’est bien pour cela, que lors des « semaines pour l’emploi », certaines structures n’ayant pas les moyens de faire déplacer les sacro-saints employeurs, se contentent de mettre en place des ateliers quelconques. Pour prouver à son ministère dépendant, comme aux employeurs que la structure sait rassembler, elle diffuse quelques offres d’emplois, pour lesquelles il n’est pas possible de candidater, d’où l’obligation de se déplacer à ces forums. Et ça marche ! Des personnes issues de tous les départements de la France (et même d’autres pays) sont venues aux forums de Chamonix, Annecy, Albertville, pour ne réussir à rencontrer que trois ou quatre employeurs, et repartirent avec seulement l’espoir d’être appelées à revenir une nouvelle fois pour un entretien. Mais l’objectif est atteint, il y a des employeurs, un maximum de demandeurs d’emplois (de fait toutes les offres seront pourvues), pour Pôle Emploi c’est mission réussie. La preuve donc que le seul objectif aujourd’hui de cette institution, est de continuer d’exister.