Lutte antinucléaire à Bure !

Octobre 2015
dimanche 28 février 2016
par  Bernard

Du premier au 10 août 2015, un camp d’opposition à l’enfouissement des déchets nucléaires dits ultimes (ultra-radioactifs et d’une durée de vie comptée en centaines de milliers d’années) s’est tenu à Bure, dans le département de la Meuse. L’État français, EDF, l’armée et toutes les entreprises liées au nucléaire développent ce projet depuis plus de vingt ans parce qu’il faut bien qu’ils les mettent quelque part leurs saloperies. Dans leur rationalité de façade, les nucléocrates ont besoin d’avoir une chaîne complète depuis l’extraction jusqu’au retraitement et au stockage dit définitif des déchets ultimes. Alors là où ailleurs …

Pourtant de nombreuses réserves ont été émises sur la capacité des terrains choisis (argile) à contenir sur d’aussi longues périodes la radio activité, sur les risques d’incendies réels des matériaux stockés (plusieurs cas aux USA sur des expériences similaires) et sur la capacité des sociétés humaines à conserver la mémoire de tels lieux sur des milliers d’années.

La particularité de ce camp préparé bien avant que la loi Macron votée cet été n’autorise l’enfouissement des déchets radioactifs est qu’il s’affichait anticapitaliste et anti-autoritaire. C’est donc aussi avec curiosité que j’y suis allé deux jours car cela faisait déjà trop longtemps que des libertaires et associéEs n’avaient pas pris une telle initiative.

Le campement regroupait plusieurs centaines de tentes dont une zone féministe non mixte, avec toilettes sèches, douches, four à pain et à pizzas, cuisines collectives végétariennes, deux grands chapiteaux pour les débats, stands proposant qui une bibliothèque, qui différentes brochures de réflexion. Une radio diffusait des reportages militants. Le tout, fait autant que possible avec des matériaux récupérés et dans une ambiance presque studieuse et paisible.

Pas de bar, ni de concert programmé. Un choix délibéré pour ne pas s’encombrer de populations attirées par l’alcool et les idoles (même petites) du show biz. Ce sont donc bien huit cents personnes qui, chaque jour, s’activaient dans la préparation du prochain repas, l’entretien des toilettes, la radio. Mais le plus grand nombre, à l’abri du soleil, participait aux débats proposés sous les chapiteaux. Tout cela était coordonné depuis le point accueil où chacunE pouvait s’inscrire à une tâche de gestion des lieux, s’informer sur les activités prévues, etc …

Chaque jour des actions ont été menées à l’extérieur du camp, soit pour développer une information auprès des habitantEs des villes et villages directement concernés, soit pour intervenir sur les sites préparés à l’enfouissement ou auprès de hauts responsables de la mise en œuvre du projet. Et ces initiatives ont été plutôt bien réussies et perçues.

Beaucoup des participantEs étaient manifestement des personnes impliquées dans des luttes comme Notre Dame des Landes, Sivens, Roibon, le réseau No Border et bien d’autres lieux encore. Pourtant, si une bonne dizaine de drapeaux noirs flottait au vent à travers le campement, aucun sigle ni stand d’organisations anarchistes n’était présent. Et c’est très bien comme cela !

Tout cela a fonctionné sur une base autogestionnaire forcement incomplète sur une si courte durée, mais où chacunE participait librement au financement des infrastructures et des repas. Un vrai souffle libertaire qui fait du bien dans ce monde de brutes !

Octobre 2015