Le R.S.A. et la chasse aux pauvres
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La nouvelle majorité UMP-UDI du tout nouveau Conseil Départemental avait fortement axé sa campagne électorale sur la nécessité de mettre en place une « brigade anti-fraude au R.S.A. ». C’est que l’affaire devait sûrement être d’importance et que nous allions voir ce que nous allions voir, à savoir que les assistéEs embusquéEs allaient être démasquéEs et les finances départementales mieux se porter.
Les chiffres officiels de 2014 font état d’environ 7 500 personnes au R.S.A. pour le département de l’Ain. Selon sa situation familiale chaque personne touche entre 400 et 800 euros par mois, sachant que le seuil de pauvreté est fixé à 977 euros mensuels ! C’est vous dire l’ampleur du scandale.
Jusqu’à maintenant les services départementaux effectuaient environ 350 contrôles par an sur des cas jugés suspects et 45 radiations étaient prononcées bon an mal an. Et quand on sait que le seul fait de cultiver un jardin diminue votre allocation R.S.A. on saisit mieux la rigueur avec laquelle s’exercent déjà les contrôles !
Mais à en croire la droite et son extrême il y aurait encore du gras et des économies à faire en chassant les fraudeur-es. Mais y a-t-il vraiment quelque chose à découvrir pour les futurs flics de la « brigade anti-fraude » ?
Supposons que les contrôles antérieurs étaient faits à minima (ce qui est loin d’être prouvé), à combien évaluer cette fraude et les économies pour le département ?
Osons tout et le pire en disant que la brigade va doubler les résultats, soit 50 fraudeurs de démasqués en plus par an. Admettons qu’un fraudeur touche en moyenne 600 euros par mois. L’économie serait de 360 000 euros, desquels il faudra retirer le coût des personnels et autres procédures administratives. Le bénéfice est dérisoire au vu d’un budget départemental de plus de 400 millions d’euros.
En fait l’objectif de cette mise en scène n’est pas économique mais idéologique !
Mensonges et manipulations !
Rappelons qu’il faut avoir plus de 25 ans pour prétendre au R.S.A. et qu’un ayant droit sur deux ne réclame pas ses droits. Très souvent parce qu’il a honte et ne veut pas être une charge pour la société ! S’il existe un RSA jeunes, c’est un véritable parcours du combattant pour l’obtenir. En toute légalité ce sont sans doute 15 000 personnes qui devraient être indemnisées dans l’Ain au lieu de 7 500 !
L’UMP-UDI et Damien Abad en tête, entretiennent cette idée méprisable qu’un chômeur-e est tout d’abord une « feignasse », qui veut vivre sur le dos des honnêtes gens. Cela participe d’une stratégie patronale et étatique qui martèle sans cesse que l’assistanat est un cancer social, alors que ce sont les politiques économiques qu’ils mettent en œuvre, qui jettent à la rue des millions de personnes. Il s’agit simplement de distiller d’idée que la misère des petites gens vivotant au SMIC, c’est la faute des assisté-es profitant d’allocations injustifiées.
Et il n’est pas étonnant que l’extrême droite, en bon supplétif du patronat, tienne exactement le même discours.
Ils créent la misère sociale et essaient ensuite d’en rejeter la faute sur leurs victimes ! Là est le scandale !
Pour nous, aucun être humain n’est illégal et a d’abord des droits : celui de manger, de se loger, d’être soigné ! Ensuite l’organisation de la société doit lui permettre d’être partie prenante de la production des biens nécessaires à la vie collective et individuelle, à égalité de revenu.
Pour en finir avec l’assistanat il faut d’abord en finir avec les exploiteurs, les actionnaires et les patrons !