Le Forum social antifasciste

Juillet 2012
vendredi 13 février 2015
par  Chris

Voici un petit concentré synthétique des thématiques qui ont traversé ce 1er Forum Social Antifasciste, co-organisé le Samedi 7 avril 2012, à la Bourse du Travail de Saint-Denis, par différentes orgas ou assos militantes red and black (Action antifasciste Paris Banlieue, Christianisme social, Collectif Dyonisien contre le FN et l’extrême droite, Collectif Tenon, Ras l’Front Marne la Vallée, SCALP Reflex, CNT Culture spectacle RP, CNT Santé-social RP, CNT, Solidaires Paris, SUD Culture, SUD étudiant, Alternative Libertaire, Fédération Anarchiste, NPA, Réseau jeunes du PG...) et rassemblant environ 250 militantEs. Il s’y agissait de prendre la mesure des évolutions et autres recompositions de l’extrême-droite en cette période dite de crise qui favorise la banalisation et l’amplification des phénomènes de concurrence, de peur de l’autre, de repli identitaire ou de résurgence des idéologies fascistes les plus répugnantes sur lesquelles les extrêmes-droites prospèrent actuellement en Europe. Le but de la journée n’était cependant pas seulement de décrypter ces mécanismes et de débattre de nos expériences militantes en corrélation avec les réalités concrètes plus locales, mais aussi de dégager un noyau dur de réseaux militants susceptibles de s’engager radicalement et durablement dans la construction d’un mouvement antifasciste large et fort, en déterminant les stratégies à mettre en œuvre et les écueils à éviter.

Un premier débat sur l’état des lieux et des forces de l’extrême droite en France, animé par un militant du SCALP Reflex et un spécialiste de la question, a permis de souligner l’hétérogénéité et la multiplication des groupes véhiculant l’idéologie fasciste ou s’en revendiquant, sous couvert de différentes focales telles que la défense de l’identité nationale (fantasmée), la haine des étrangers et plus spécifiquement des musulmans, les identités régionalistes, le hooliganisme néo-nazi : même s’ils peuvent se distinguer du FN par leur degré de radicalisation exacerbée dans la violence et leur non-inscription dans le cadre des partis, ces groupuscules se retrouvent pleinement dans les fondamentaux lepénistes, quoiqu’ils les trouvent parfois édulcorées. Il est en outre notable que certains d’entre eux se sont habilement mis à récupérer et dévoyer des thématiques sociales, marxistes, voire libertaires ou humanistes, en les appauvrissant et en les détournant de leur sens politique initial, pour susciter une peur et une colère désordonnée et diffuse et empêcher tout projet d’alternative sociale et solidaire populaire. — Entrecoupée de manifestations culturelles, la journée s’est poursuivie par des ateliers/débats, animés horizontalement, sur des questions plus spécifiques : parmi les thèmes abordés, la montée de l’extrême-droite à l’échelle de l’Europe et les relents de national-socialisme qu’elle laisse transparaître ; la question primordiale de la violence produite et amplifiée par cette dynamique, ainsi que la teneur de la riposte à lui opposer ; la position contradictoire du FN sur le terrain social, notamment sur la question du syndicalisme ; l’extrême-droite, les femmes et leur sexualité ; l’instrumentalisation du religieux et de la laïcité ; le racisme et l’idéologie sécuritaire comme cœur du projet de l’extrême-droite. Avant que la discussion ne se porte plus concrètement sur les prochaines échéances de la mobilisation contre l’extrême-droite et les perspectives de (re)construction d’un mouvement antifasciste fort, au niveau national comme dans chacun de nos quartiers, un compte-rendu a ensuite été présenté en séance plénière, qui a notamment rappelé la nécessité de distinguer entre foi personnelle et institutions religieuses oppressives, entre croyance culturelle opprimée ou stigmatisée et religion d’état totalisante et intolérante : au dogmatisme anti-religieux, favorisant le repli communautaire des croyants, on devrait préférer une « pensée libertaire de la foi personnelle », permettant leur émancipation. — Les participantEs à ce Forum Social Antifasciste ont enfin exprimé la volonté d’en faire le premier d’une longue série de d’événements semblables, permettant la construction et la structuration d’un Mouvement Antifasciste large, massif et combatif. L’accent a ainsi été mis sur la nécessité de multiplier les initiatives concrètes de proximité, fondée sur la solidarité, l’organisation à la base et la coopération, pour endiguer la vague sécuritaire intolérante visant à diviser les oppriméEs et les exploitéEs ; de ne pas abandonner aux fascistes le terrain de la rue, d’investir les quartiers populaires et d’y soutenir une auto-organisation capable de contrecarrer leurs plans ; de ne plus avoir peur d’aller au contact, pour empêcher la propagation de leurs idées et imposer un message explicite : « pas de fachos dans nos quartiers » !

C’est donc dès maintenant qu’il nous appartient de tout mettre en œuvre pour éviter que le mal à combattre ne soit trop profond : et, pour ce faire, il est d’ores et déjà recommandé de mettre en place de larges Collectifs Antifasciste locaux dans les zones où sont implantés des noyaux de néo-fascistes actifs et des militantEs antifascistes... No Pasaran !