L’humour comme vecteur de la domination masculine.

vendredi 1er mai 2015
par  Em

« Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, mais qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de vicomte » chantait Georges Brassens … C’est un peu la même histoire quand des représentants de la gent masculine se retrouvent entre eux. Est-ce l’effet de la concentration de testostérone ? Même s’ils se moquent eux-mêmes des blagues de vestiaire et se pensent à l’abri de toute pensée sexiste, les voici qui se lancent dans une série de blagues graveleuses qu’ils trouvent très drôles. Puis, comme s’il s’agissait d’une compétition, chacun rajoute la sienne pour montrer sa connivence de mâle et apporter sa pierre à l’édifice branlant des plaisanteries de mauvais goût qui dégradent l’image féminine. Si vous leur faites remarquer la lourdeur de leurs propos, ils se défendent vaguement en mettant en doute votre sens de l’humour, vous assènent qu’il faut comprendre la subtilité de l’humour au troisième ou quatrième degré,( ce dont, bien sûr, vous n’êtes visiblement pas capables, et que vous les insultez en les assimilant à tous ces beaufs dont ils ont l’intelligence de se démarquer. Pourtant, messieurs, puisque vous vous dites capables de finesse, comprenez que votre conversation virile, si subtile soit-elle, participe sans doute de façon inconsciente chez vous de la reproduction de la domination masculine dont vous vous défendez pourtant !

Allez, sans rancune, et comme m’a répondu un blagueur salace en tentant de se dédouaner : les femmes aussi font parfois des blagues sexistes. Je vous rappelle qu’on ne fait pas de concours de beaufitude ; et si cela leur arrive, gageons que leurs propos féminins de mauvais goût ne remettent pas en question la place des hommes dans la société, ce qui n’est pas le cas de l’humour misogyne : même dans l’humour, vos propos, messieurs, ont une plus longue portée.

Em