L’Eclat numéro 18
par

Victoires patronales
Le principe de réalité nous contraint à constater que le pouvoir en place a quasiment les mains libres pour réaliser son projet de destruction des maigres conquêtes sociales que nous avons pu conserver ces dernières années. Parachevant la loi travail, les ordonnances Macron confèrent les pleins pouvoirs au patronat : liberté de licencier, aggravation de la précarité, légalisation des licenciements abusifs par le biais du plafonnement des dommages et intérêts, priorité des accords de branche. Face à cette régression déjà amorcée par la loi El Khomri, la riposte syndicale n’a pas été à la hauteur. Là où il aurait été nécessaire de coordonner les luttes afin de les faire converger vers un blocage de l’économie, les bureaucraties syndicales se sont évertuées à organiser des journées isolées, flanquées de leurs sempiternelles manifestations rituelles inoffensives dont l’effet le plus saisissant est de décourager même les plus déterminéEs. Les différents mouvements sociaux qui se sont succédés depuis la fin de l’été ont égrené le triste chapelet de grèves ponctuelles et catégorielles perdues d’avance : routiers, retraitéEs, fonctionnaires…
Pour le gouvernement, il s’agissait d’un premier essai. Sachant désormais qu’il peut compter sur la complicité d’une bonne partie des organisations syndicales, il peut précipiter le mouvement et la suite s’annonce désastreuse : assurance chômage, protection sociale, retraites.
La fin des syndicats ?
Quoi d’étonnant quand l’institutionnalisation des organisations syndicales les conduit à encadrer les mouvements sociaux afin de les empêcher de mettre en péril le système capitaliste ? L’indépendance syndicale, affichée par beaucoup d’organisations, n’est qu’un leurre. Les financements, directs ou indirects, par l’État et par le patronat exigent des contre-parties, en premier lieu l’exigence de se comporter en partenaires sociaux responsables chargés d’empêcher tout débordement menaçant l’ordre social existant. C’est avec amertume que l’on peut constater que même les syndicats alternatifs s’engagent sur une mauvaise pente en acceptant de collaborer à des instances interclassistes en échange de subventions. L’exemple le plus frappant nous est fourni par la participation de Solidaires au CESER (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional).
Renverser le rapport de forces
Comment renverser le rapport de forces ? Faut-il délaisser les syndicats et tenter de construire d’autres formes d’organisation qui nous permettent de lutter plus efficacement ? A-t-on encore une marge de manœuvre dans certaines organisations syndicales ? Peut-on les faire évoluer dans le bon sens ? Ces questions méritent d’être débattues dans le mouvement libertaire actuel.