Coordination des Libertaires de l’Ain

Accueil > Le journal de la CLA > L’Eclat numéro 14

L’Eclat numéro 14

Février 2016

mardi 1er mars 2016, par Gia

Le gourdin étatique.

On connaît la chanson.

On savait déjà que la principale fonction de la gauche au pouvoir était de faire passer, plus ou moins en douceur, des mesures que la droite aurait eu du mal à imposer. La casse du code du travail, le blocage des salaires, les cadeaux au patronat auraient suscité quelques mouvements sociaux d’envergure si un gouvernement de droite avait tenté de les mettre en œuvre. Sachant pouvoir compter sur la complicité décomplexée de certaines organisations syndicales, la gauche peut y aller sans risques, résignée à passer la main lors des prochaines échéances électorales. L’alternance politique, on le sait, reste un bon moyen de perpétuer l’ordre capitaliste.

Cela est d’autant plus aisé pour le pouvoir que certaines organisations syndicales sont prêtes à mettre la main à la pâte, toute honte bue. C’est ainsi que le 26 janvier , à l’occasion de la journée d’action de la fonction publique, la CFDT ne s’est pas contentée de ne pas appeler à la grève mais a appelé à ne pas faire grève, n’hésitant pas à taxer d’irresponsables les organisations syndicales (CGT, FO et Solidaires) qui étaient à l’origine du mouvement. Gouvernement de gauche, syndicalisme responsable sont les meilleurs alliés du capital.

L’État policier.

Tout État, certes, est de nature policière mais il est indéniable que l’on assiste depuis le mois de novembre à un durcissement de l’appareil répressif. Non content de jouer son rôle de larbin du MEDEF, le gouvernement de gauche applique déjà une bonne partie du programme du FN. L’état d’urgence et les discours patriotards qui ont fait suite aux attentats de novembre ont contribué à banaliser l’idée selon laquelle il était nécessaire d’accepter une restriction des libertés.

L’arsenal mis en place jouit d’une terrible efficacité : possibilité d’interdire toute manifestation, perquisitions facilitées, assignations à résidence préventives, renforcement des pouvoirs de police, autorisation pour les policiers de porter et d’utiliser leur arme en dehors des heures de service, etc. Après la loi sur le renseignement votée en juillet 2015, tout est prêt pour la constitution d’un État totalitaire.

Combattre l’apathie et l’indifférence.

Bien sûr, tout ceci ne s’est pas fait en douceur. Dans l’Ain, comme partout ailleurs, ces mesures ont fait réagir. Le 9 décembre, à Bourg en Bresse, plusieurs organisations syndicales, associatives et politiques (dont la CLA) se sont rassemblées contre l’interdiction de manifester. Le 30 janvier, à l’appel des mêmes organisations, une manifestation y a eu lieu, en même temps que dans d’autres villes pour protester contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. Ces mobilisations ne furent pas ridicules. Néanmoins, on pouvait s’attendre à ce qu’elle soient plus fréquentées. Il semble que beaucoup de nos contemporains soient prêts à renoncer à leur liberté en échange d’une sécurité somme toute incertaine. D’autres trouvent la situation normale, ce qui démontre une fois de plus que les discours banalisateurs ont été efficaces. Outre l’arsenal juridique et répressif, la tendance à la servitude volontaire rend possible la constitution d’un ordre totalitaire. A nous de multiplier les initiatives pour combattre l’apathie et l’indifférence.