L’Eclat Numéro 05
par
Juillet 2012
Le changement dans la continuité
Nous voilà enfin sortis de cette longue période électorale dont le premier effet aura été d’agir comme un anesthésiant pour les luttes sociales. Le résultat, connu d’avance, fut sans surprise : c’est toujours le capitalisme qui sort vainqueur des élections. Certains diront que l’alternance prouve que la démocratie représentative se porte bien. Or, il devient de plus en plus évident – même aux yeux de celles et ceux qui ont voté pour se débarrasser de Sarkozy - que l’alternance politique se fait toujours au service du capitalisme.
On peut reconnaître à ce gouvernement de gauche le mérite de la franchise. Avant même d’être élu, il n’a rien caché de ses intentions. Comme le précédent, il demandera aux travailleuses et aux travailleurs de faire des efforts pour sortir de la crise, autrement dit, pour sauver le capital.
Hollande aurait pu reprendre le vieux slogan giscardien : le changement dans la continuité. L’exécrable Manuel Valls en fournit le plus bel exemple. A peine nommé ministre de l’intérieur, il s’empresse de suivre la trace d’Hortefeux et de Guéant : que les braves Français se rassurent, la gauche continuera à expulser les sans-papiers.
Il faudra donc une bonne loupe pour parvenir à déceler ce qui distingue la gauche de la droite. On peut néanmoins relever une différence dont les conséquences risquent de peser pour un temps sur les luttes : la démocratie sociale. Ce gouvernement ( encore plus que le précédent) compte prendre appui sur les bureaucraties syndicales qui ont contribué à son élection. Hollande s’est engagé à faire du dialogue social une priorité majeure, avec tous les acteurs de la vie socio- professionnelle . Conférence sociale, concertation sur la refondation de l’école, tables rondes : les bureaucraties syndicales vont s’engouffrer dans ces instances où s’élabore la collaboration de classe. Certaines ( CFDT et UNSA en tête) s’y précipiteront de bon cœur. D’autres (CGT, FO, FSU et Solidaires) le feront avec mauvaise conscience et en roulant des mécaniques, pour porter les revendications des salariés, des privés d’emploi et des retraités ( communiqué CGT du 3 juillet). Comme si c’était à Matignon, dans les salons, dans les couloirs que les luttes se menaient ! Ces mêmes bureaucraties ne nous engageront-elles pas, comme en 1981, à faire preuve de réalisme pour ne pas mettre la gauche en difficulté ? Espérons que les militantEs de la base sauront leur botter le cul et refuseront de s’en tenir aux revendications raisonnables et responsables que leur proposeront les syndicrates.
Quant aux libertaires, plus que jamais, nous devons être présentEs dans toutes les luttes pour inciter à leur auto-organisation et à leur radicalisation.