Je vis dans un monde aux gens courbés

Un poème d’Antonio Orihuela
samedi 28 avril 2018
par  Finestra

Antonio Orihuela est né à Huelva en Andalousie en 1965. Docteur en Histoire, poète et essayiste libertaire. Sa poétique agit comme un révélateur sans concession des réalités sociales et économiques. Sa poétique agit : morsure de l’ironie, mots non mâchés, subtiles perceptions du réel frisant quelquefois une naïveté délibérée. Sa poétique au langage clair et direct est, enfin, une invitation à l’action. Il est l’auteur de nombreux recueils de poèmes dont Edad de Hierro (1997), Comiendo tierra (2000), Palabras raptadas (2014). Depuis 1999, il coordonne dans la ville de Moguer les rencontres annuelles de poésie Voces del extremo (Voix de l’extrême) qui ont pour but de dénoncer la marginalisation et les injustices sociales... En poésie.

Je vis dans un monde aux gens courbés
mais personne ne s’en rend compte
parce que tous vivent de se dresser au-dessus de quelqu’un.

Je vis avec des gens qui éteignent la lumière à minuit
et se fanent en arrachant les pages du calendrier
mais ils se consolent avec d’autres
qui ne savent même pas
s’ils seront en vie le lendemain.

Je vis entouré de gens qui ont soif,
qui se mordent constamment les lèvres,
mais seulement après avoir mangé.

Je vis embarqué dans les mots
parce que nulle part ailleurs
je n’ai trouvé de maison.

Piedra, corazon del mundo, éditions Germania, Valencia 2001.