Entretien avec Fred (Rock Agricole)

Juillet 2012
vendredi 13 février 2015
par  Dan

Propos recueillis par Dan

CLA : Peux-tu nous en dire un peu plus sur votre association, son implantation géographique sa date de création, ses activités, le nombre de ses adhérents, son fonctionnement interne, etc. ?

F : J’ai créé l’asso Rock Agricole en 2006, avec Priscilla. On avait besoin d’une asso pour faire tourner 3 spectacles : Nuche et Piche (alias Nadège et Priscilla), qui chantaient du Patrick Font, Ze Fred and Co (ex-Jo Staline) et Raoul Potiron (Rock Agricole pour mômes). Puis, on s’est dit : « Pourquoi ne pas créer un festoche, avec cette asso ? ». Du coup, on a monté Bouztock en 2008, pour fêter les 40 ans de mai
68. Le 1 er festival a eu lieu sur le plateau ardéchois. Ensuite, on a enraciné Bouztock à Tré Charavu, dans le pré de Jean-Louis Luder, paysan punk et anarchiste du plateau d’Hauteville. On a, à présent, une équipe d’une quinzaine de
personnes, mais on n’ a pas fait de système d’adhésion. Tu sais, la paperasse !

CLA : Votre association se situe dans une culture alternative c’est bien ça ?

F : Oui, c’est à peu près ça. On veut rester en marge de tous ces festivals ultra-sponsorisés et subventionnés qui proposent, grosso modo, le même type de programmation avec des artistes sortis des catalogues de majors, etc... Pour nous, le but est de montrer que des non- professionnels sont capables de proposer des spectacles qui tiennent vraiment la route et qu’on peut se passer de têtes d’affiche... D’autre part, nous profitons de ce genre de rassemblements pour donner la parole à des mouvements militants, grâce à des tables de presse et un micro à disposition.

CLA : Quel est votre sentiment sur la place de cette culture dite alternative
dans le Bugey ?

F : Eh bien, il faut reconnaître que ça se développe. Les Joyeux, les Skapuches, Antifa, par exemple. D’ailleurs, c’est important que ça se développe, pour montrer qu’il existe une résistance à la loi du fric, aux coups fourrés de l’État qui, avec l’aide des marchés financiers, flingue les économies locales...

CLA : Comment financez-vous vos projets ? Avez-vous des aides des institutions (municipalité, département, région, etc.) et désirez-vous être aidé par celles-ci ou rester autonomes ?

F : On s’auto-finance en organisant des soirées Resto-concert du Rock Agricole, pour rentrer un peu de sous. On en profite pour acheter directement les denrées aux producteurs locaux. On fait aussi des buvettes. En fait, on s’organise un peu comme le sou des écoles... La mairie d’Hauteville, qui trouve notre démarche intéressante, nous a proposé de nous aider. Mais j’ai préféré laisser l’offre de côté... Elle nous aide déjà en nous prêtant l’espace-accueil de la salle des fêtes, 5 à 6 fois par an...

CLA : L’entrée à vos manifestations est à prix libre, pourquoi ce choix ?

F : Pour Bouztock, c’est à prix libre. Les gens donnent ce qu’ils veulent pour les artistes, ainsi ça leur permet de boire plus de canons ! Il y a de plus en plus de gens qui sont fauchés. Par contre, lors des soirées « resto-concert », on met une entrée à 2 euros pour les adultes. On file les entrées aux artistes qu’on complète avec une partie de la recette de la restauration. Et le reste, on le garde pour l’ asso, ce qui paie en partie la bouffe de Bouztock et la maintenance de la sono. Lors de ces soirées, en after, on propose une scène ouverte. Du coup, plein de mômes viennent jouer avec leurs groupes.

CLA : Il se dégage de vos manifestations, que ce soit de la part des organisateurs
comme du public, un vrai partage, une fraternité qui fait chaud au cœur, comment expliquez-vous ça ?

F : Je pense que c’est lié à l’état d’esprit. On n’est pas là pour faire du blé, mais pour offrir à la fois de la légèreté, de l’info, de la désinvolture et on veut donner la parole à qui veut la prendre. Et puis, c’est incroyable le nombre de groupes qui sont prêts à jouer pour une somme dérisoire…

CLA : Pensez vous avoir une bonne couverture médiatique locale et quels sont vos principaux moyens de communication ?

F : Notre meilleur média a été le bouche à oreille. Puis, la presse locale s’est intéressée à ce qu’on faisait et certaines radios diffusent les infos qu’on leur envoie. Et le fait d’avoir un site (www.rockagricole. org) nous a bien aidé. Puis, les autres associations militantes ou culturelles nous font aussi de la pub.

CLA : Votre association à invité la CLA à tenir sa librairie libertaire lors de votre dernier festival, pourquoi ce choix ? Votre asso a-t-elle des sensibilités libertaires ?

F : L’asso, c’est possible. C’est surtout Jean-Louis Luder de la Combe Noire, ancien de la CNT de Dijon, et moi-même, qui diffusons ces sensibilités libertaires. Les autres sont plus dans des luttes écologistes et altermondialistes. Mais nous sommes d’accord sur l’essentiel : flinguer ce putain de capitalisme ! J’ai pas mal côtoyé la FA de Lyon, la librairie La Plume Noire. Au début des années 90, j’ai fait
pas mal d’actions avec l’ OCL (Organisation Communiste Libertaire). On est encore quelques-uns à vouloir colporter les bienfaits d’un monde refondé sur des principes
solidaires, égalitaires et libertaires...

CLA : Vos prochains projets ?

F : On voudrait rattaquer les Restos du Rock agricole en proposant des thèmes avec diffusion de films + débat en fin d’après-midi, puis prolonger la soirée avec les concerts à l’espace-accueil, qu’on voudrait rebaptiser Maison du peuple ou la Fraternelle... Sinon, les dates ne sont pas encore fixées. Le prochain Bouztock aura lieu le dernier week-end d’ août 2012. De plus, nous allons refaire ce que nous avons fait le 9 juillet dernier : concert anti-fasciste et anti-autoritaire, avec Antifa, à Tré Charavu (Cormaranche)...

CLA : Quelque chose à rajouter ?

F : J’ai lu L’Éclat : Bravo ! Au Rock Agricole, vous êtes chez
vous !