Autodéfense pour femmes.
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Le groupe féministe d’ Hauteville Lompnes s’est réuni au mois de Novembre, dans le cadre d’un stage d’autodéfense pour femmes, prodigué par une intervenante de l’association PotentiElle de Dôle, Marika. (www.potentielle.net)
Qu’est ce que l’autodéfense ?
C’est avant tout la connaissance de ses limites, celles que l’on ne souhaite pas voir empiéter verbalement et physiquement par une autre personne, et ainsi les faire respecter.
Marika nous a fait aborder plusieurs niveaux d’autodéfense :
Nous avons donc travaillé à repérer nos propres limites. Une fois que nous avons repéré celles-ci, nous nous sommes exercées à les faire respecter, à dire stop !
Les actes de violence verbale ou psychologique sont extrêmement courants, que ce soit dans le monde du travail, dans les foyers ou dans la rue. Nous avons repris plusieurs cas de figure vécus en tentant de désamorcer l’escalade de la violence, ou en faisant comprendre à l’interlocuteur(trice) que les propos qu’il ou elle utilise sont déplacés et procurent un malaise, un manque de respect que nous ne saurions continuer d’accepter.
La méthode est très perspicace : répéter ce que l’autre dit en lui expliquant exactement ce que l’on ressent pour ensuite dire que nous n’acceptons pas que les choses se passent ainsi, et que nous voulons être respectées.
Plus tard nous avons vu comment agir en cas de débordement de nos limites, c’est à dire lorsqu’il y a intrusion de manière plus ou moins violente, en nous exerçant à des prises de défense, en repérant les points faibles du corps, nous nous sommes aperçus que nous pouvions terrasser un agresseur en quelques gestes bien enchaînés. Cela est très rassurant, nous ne sommes pas des gazelles sans défense, nous avons en nous un potentiel inouï ; reste à le découvrir !
Nous avons appris à crier avec force et assurance en prenant conscience de l’énergie que cela dégage et du respect qui en ressort.
Nous avons appris que les violences en France se manifestent à 85% dans l’entourage de la victime, la plupart des victimes étant des femmes et des enfants.
En abordant le sujet des violences conjugales nous avons fait le tour des réactions possibles, pour éviter le pire, c’est à dire les coups allant jusqu’à la mort. Il y a des choses très importantes à savoir mais je ne les citerai pas là.
C’était un moment très troublant de se placer dans la situation d’une personne qui vit sous le joug de la violence (conjugale) extrême, de se rendre compte qu’il est très difficile de briser un tel cercle infernal. Lors de cette session la plupart des participantes n’étaient pas concernées dans leur quotidien, mais il est bon de connaître les réflexes à avoir, car nous serons toujours amenées, tant que durera le patriarcat, à rencontrer des femmes battues ou à tomber dans l’escarcelle d’une personne violente. Ce que nous apprenons dans ce stage peut nous aider à les aider (modestement). En France trop peu de structures existent pour protéger les femmes victimes de violences conjugales.
Durant ces deux jours qu’a duré le stage nous avons beaucoup appris sur nous mêmes, nos limites à faire respecter, nos ressources et notre force. Nous avons, chacune à notre niveau, pris un peu plus confiance en nous et appris à moins subir. Bien-sûr, il faut plus d’entraînement mais c’est une prise de conscience qui s’opère. Une forte sororité enveloppait ce stage, car toutes ont subi des violences ou des agressions sexistes plus ou moins graves et répétées. Le fait d’évoquer ce sujet fait ressortir les vécus parfois enfouis en nous, sans que l’on soit obligées de raconter quoi que se soit de nous mêmes. Ce stage fut néanmoins un lieu où la parole put se libérer. La non-mixité est pour cela une condition cruciale. Le déroulement du stage se fait dans le respect de la parole, des émotions. Aucune n’est tenue de participer à un atelier si cela lui est trop difficile moralement.
Je conseille à toutes les jeunes femmes, dès leur 16 ans, mais aussi aux femmes de tout âge, de participer à un stage tel que celui là.
Prendre conscience de l’oppression, prendre conscience de sa force, se libérer de l’oppression.
A bas le patriarcat.