Quand les pays arabes nous donnent l’exemple !

mardi 10 février 2015
par  Bernard

Depuis plusieurs mois, de nombreux États arabisants sont secoués par des mouvements sociaux de grande ampleur qui ne peuvent nous laisser indifférents pour de nombreuses raisons. Parmi celles-ci, dont nous ne pourrons faire le tour dans ce petit article, la principale est sans doute qu’il s’agit des premières situations révolutionnaires du XXIe siècle.

Il est remarquable que tous ces soulèvements aient lieu dans des États dictatoriaux en place depuis des décennies et que tous aient connu des phases de répression extrêmement violentes qui n’ont fait que décupler la révolte et la colère des populations. À l’heure ou nous écrivons ces lignes, rien n’est encore joué dans aucun de ces pays et il est probable qu’il faille des années avant qu’ils ne trouvent une stabilité sociale, qu’ils n’ont pas connue depuis trop longtemps.

Les différents clans qui se partageaient le pouvoir et qui ont encore de grandes capacités de nuisance (armées, groupes économiques et religieux, entreprises multinationales, etc.) s’affrontent aux forces sociales et populaires, qui prennent petit à petit conscience de leurs capacités politiques à organiser la société. Ces luttes sont très engagées en Tunisie et en Égypte, où la société est en quelque sorte en « état de constituante permanente ». Tout est remis en cause, tous les aspects de l’organisation politique intérieure et internationale, économique, sociale, syndicale, religieuse, culturelle sont questionnés, interrogés et remis à plat. Des organisations recouvrant toutes sortes d’aspects des problématiques sociales naissent presque chaque jour, la parole de chacun-e se libère et il s’ensuit un mûrissement lent, mais profond de ce qui doit faire sens commun, des droits et moyens à mettre en œuvre pour que la société devienne plus juste et ouverte sur les besoins humains.

Ces processus que l’on peut qualifier de révolutionnaires, au vu du contexte dans lesquels ils se produisent, font l’objet d’un quasi black out aussi bien de la part des grands médias que de la classe politique, gauche et droite confondues. Ce qui n’est pas très étonnant, car nous sommes dans une situation politique peu différente sur le fond : quoi que l’on fasse, le pouvoir politique et économique fait en effet ce qu’il veut, sans tenir compte ni des conséquences sur la vie quotidienne des gens ni même des protestations et manifestations populaires. Chômage, baisse de la protection sociale, hausse du coût de la vie et misère sociale se développent comme un rouleau compresseur, sous prétexte de concurrence internationale. La classe politique vit en autarcie et reste sourde au mécontentement populaire. Jusqu’à quand ? Faut-il que nous fassions comme nos camarades arabes ? Ne nous montrent-ils pas la voie ? Lorsqu’on voit comment l’État se blinde par des lois répressives (LOPPSI 1 et 2, entre autres) avec une police toujours plus suréquipée, nous sommes en droit de nous poser des questions sur leur niveau de peur et sur ce qu’ils sont prêts à assumer pour garder le pouvoir.

Toujours est-il que pas grand-chose ne filtre sur la répression au Bahreïn, au Yémen, en Syrie, au Burkina Faso, ou encore sur le mouvement social palestinien : on manifeste pourtant à Gaza et en Cisjordanie contre l’escroquerie du Hamas et de l’Autorité palestinienne réunis. Nous savons que l’Algérie, le Maroc, la Jordanie et d’autres sont déstabilisés, que les mouvements de révoltes y sont quotidiens et que la question posée est de savoir quand le pouvoir va craquer. C’est une lame de fond qui, d’une manière ou d’une autre, va toucher l’ensemble de la planète, tant les économies et les échanges sont multiples, impliqués et mondialisés, tant sont semblables aussi les logiques politiques mises en œuvre dans le monde.

Plus que jamais est vérifié ce vieux constat suivant lequel celui qui sème la misère récolte la colère. Agissons donc pour que de la colère, naisse aussi un projet révolutionnaire et libertaire !

Mai 2011


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