Quand Terre d’Asile rime avec Terre Hostile !

Septembre 2013
vendredi 13 février 2015
par  cho

Cet article a pour but de revenir brièvement sur la période qui s’étale de l’hiver 2012 jusqu’à fin juillet 2013 concernant les demandeurs d’asile de l’Ain qui ont été contraints d’occuper des garages à Bourg ­en­ Bresse, de décrire les luttes menées et de présenter le Collectif Solidarité Migrants dans lequel la CLA s’est ponctuellement investie. Je précise par ailleurs que la situation à laquelle nous avons assisté, c’est-­à-­dire, des demandeurs d’asile mis à la rue, se répète depuis plu­sieurs années maintenant.

Hiver 2012 sur Bourg­ en­ Bresse, plusieurs dizaines de demandeurs d’asile n’ont eu d’autre choix que de squatter des garages, place Goujon, l’État et donc loca­lement le préfet ne remplissant pas son obligation d’hé­bergement les concernant. Au plus fort, on comptait jusqu’à 100 personnes, courant octobre­ -novembre, par­quées dans ces garages dans des conditions de vie inhu­maines. S’ensuit alors, une réquisition illégale menée fin no­vembre par le collectif de soutien aux demandeurs d’asile (Emmaüs, RESF, Ligue des Droits de l’Homme, ATTAC, NPA, Parti Communiste, Parti de Gauche, Al­ternatifs, Sud Santé), rue des Crêts à Bourg ­en­ Bresse.

Une semaine environ après, le collectif accepte de ces­ser cette réquisition et d’emmener les demandeurs d’asile dans le gymnase des Vennes, réquisitionné le 6
décembre, cette fois-­ci par le préfet. Naissent alors des tensions au sein du collectif dues au fait que la décision de stopper la réquisition n’a pas été prise de manière
démocratique. La lutte continuant et après une grosse bagarre menée par ce collectif et dans le cadre du plan froid, les demandeurs d’asile ont été finalement logés fin décembre 2012­ début janvier 2013 par le préfet.

Dans la continuité de ce combat, au mois de janvier 2013, se crée alors le collectif Solidarité Migrants (sur les vestiges du collectif de soutien aux demandeurs d’asile), composé d’associations, de partis politiques et de syndicats : RESF 01, LDH, Cimade, Comité de Vi­gilance à l’égard des Demandeurs d’Asile de l’Ain, Em­maüs, ATTAC, Union Syndicale Solidaires de l’Ain, CGT Educ’action Ain, NPA, Parti de Gauche, P C F, Al­ ternatifs. Les positions du Collectif ont été exprimées le
30 janvier 2013 pour la venue de Harlem DESIR dans un texte consultable à l’adresse suivante : http://attac.ain.free.fr/images/Annonces/Solidarite/Mi­grants/12juin A4 RV.pdf.

Rien n’augure de bon à ce moment­-là, entre la dé­sastreuse circulaire Valls, le refus de domiciliation de la part du préfet (étape indispensable pour déposer une
demande d’asile) et la fin du plan froid qui approche.

Comme le craignait le collectif, courant mars, de nou­velles familles demandeuses d’asile squattent à nou­veau les garages place Goujon. Le collectif décide alors d’entreprendre différentes actions jusqu’à fin juin dans le but de faire respecter le droit d’asile qui inclut un hébergement décent et d’aviser par la suite, si rien n’avait changé pour les « gens des garages ».

Ainsi, une rencontre est forcée avec la Directrice de la DDCS le 14 mai ; un comité d’accueil est organisé pour la venue de Manuel VALLS le 17 mai ; une manifesta­tion est organisée le 12 juin devant la préfecture ras­semblant une centaine de personnes ; la presse est à chaque fois contactée et des articles paraissent réguliè­rement.

Parallèlement, d’autres organisations se greffent au collectif : FSU/ SNUIPP/EELV.

Par ailleurs, d’autres organisations qui ne sont pas par­ties prenantes de ce collectif, sont sur la liste de diffu­sion et participent à certaines actions, notamment la
CLA et la CNT.

Devant la situation des garages qui n’ouvrait alors au­cune perspective positive pour les demandeurs d’asile,le collectif décide de réquisitionner un bâtiment afin d’héberger plus dignement ces personnes. La chose est réalisée le lundi matin 8 juillet, 10 rue Marc Séguin dans les anciens locaux de l’ADAPEI. Le soir, les garages étaient vides et les demandeurs d’asile installés dans le lieu réquisitionné. Cette occupation dure maintenant depuis plus d’ un mois et des AG du collec­tif et des demandeurs d’asile sont organisées toutes les semaines sur le lieu de vie les lundis à 16h.

Pour le collectif, cette réquisition apparaît à la fois comme une nécessité humaine mais aussi comme une action qui vise à mettre en face de leurs responsabilités
le préfet et, plus largement, le gouvernement Hollande qui mène une politique migratoire encore plus inhu­maine que celle de Sarkozy !

Parallèlement à cette réquisition, des référés en justice pour la domiciliation et l’hébergement de ces familles sont menés depuis plusieurs mois. Pour le moment, le
Tribunal Administratif de Lyon a, courant juillet, or­donné au Préfet de l’Ain d’héberger une famille (actuel­lement dans les locaux de l’ADAPEI).
La lutte continue et tous les renforts sont les bienve­nus !