Les Joyeux à l’Abergement de Varey
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Depuis huit ans, l’association Les Joyeux de l’Abergement de Varey est devenue un élément incontournable de la vie culturelle et militante locale. Nous avons demandé à Yves, un de ses membres actifs, de nous la présenter.
Peux-tu nous rappeler brièvement l’historique de l’association Les Joyeux ?
L’aventure des Joyeux commence en 2009. C’est Daniel Bernard, habitant de l’Abergement de Varey, qui lance le projet. L’ambition est de créer une association locale qui interroge la société actuelle et qui fournisse des moyens intellectuels permettant aux membres, appelés Les Joyeux, d’intervenir rapidement sur le cours des choses. Comme pour toute association, la vie de cette dernière n’a pas été un « long fleuve tranquille ». Après le départ de Daniel, qui a porté la structure à bout de bras, pendant des années et d’une partie des Joyeux originels, il a fallu réfléchir aux possibilités de donner une suite à cette aventure. Maintien d’un festival d’été et d’hiver ? Projections le premier vendredi du mois ? Après des fortunes diverses, nous avons défini la formule actuelle : un festival d’hiver et une projection tous les deux mois à l’Abergement. Entre les deux, nous privilégions les partenariats avec d’autres associations afin de toucher un public plus large qui ne se rend pas forcément à l’Abergement.
Quels sont les principes fondateurs de votre association ?
Pour répondre à ta question, on peut se reporter aux principes qui figurent dans la Charte des Joyeux :
« L’association loi 1901 « Les Joyeux » s’est constituée pour permettre à des individus intéresséEs et questionnéEs par la vie sociale locale comme par l’organisation générale du monde d’intervenir collectivement dans et sur le cours des événements.
Ce qui les rassemble, c’est tout à la fois la volonté de mettre en œuvre des pratiques d’échanges favorisant l’autonomie individuelle et de s’inscrire dans un processus d’alternative à l’ordre politique, économique, social et culturel actuel.
Les moyens d’action sont la diffusion d’œuvres à caractère culturel ou artistique dans les domaines suivants : cinéma, théâtre, musique, etc. contribuant au développement d’un esprit ainsi que d’une pensée critiques et s’inscrivant dans une démarche d’éducation populaire. Cette dernière s’entend dans le sens de chercher à s’approprier les connaissances nécessaires permettant de comprendre et d’intervenir dans la société actuelle ; ne perdant pas de vue que l’objectif des Joyeux est de contribuer à l’émergence d’une alternative à la société capitaliste.
Les Joyeux font donc le choix de privilégier et de tendre à l’accès gratuit à leurs manifestations parce que c’est tout à la fois un moyen de ne laisser personne sur le bord du chemin et une finalité de l’organisation globale à laquelle nous aspirons. Afin de garder leur indépendance et leur liberté de choix dans la mise en place de leurs projets, Les Joyeux refusent toute subvention publique ou privée. »
Les Joyeux s’inscrivent dans une démarche d’éducation populaire. Quel sens donnez-vous à ce terme ?
L’éducation populaire est un concept assez vaste qui est quelque peu tombé en désuétude avec l’avènement d’un capitalisme consumériste dans les années 1960-1970. Depuis une bonne décennie, des syndicats et des associations essaient de relancer le genre. C’est plutôt une bonne nouvelle. Je pense que, pour les Joyeux, il s’agit de mettre à la portée de tous (toutes) la possibilité (aussi bien intellectuelle que financière) d’accéder à une culture politique, au sens large du terme. Celle-ci est rarement présente dans les grands médias, sauf à des heures tardives sur Arte, par exemple. Nous diffusons souvent des documentaires assez fouillés et essayons de les co-animer avec une personne ressource afin d’éclairer le débat.
Peut-on parler d’un fonctionnement autogestionnaire à propos de votre association ?
Il faut distinguer l’aspect institutionnel obligatoire et le fonctionnement réel. Les Joyeux est une association loi 1901 dont les statuts sont déposés en préfecture. Nous venons d’ailleurs d’élire un binôme à la présidence : Émilie et Renaud. Mais le véritable fonctionnement se déroule lors de notre réunion mensuelle ou chacunE compte pour une voix et où les décisions sont prises au consensus. Bien entendu, les séances peuvent être longues et animées et certains Joyeux ont des caractères bien trempés, mais il n’y a pas de chef auto-proclamé. On se rapproche donc d’une démarche dite de démocratie directe.
Quel est l’impact des événements que vous organisez ?
C’est difficile à dire. Les projections du vendredi à l’Abergement sont différemment suivies. Nos festivals attirent un public plus nombreux et varié. Les partenariats que l’on peut avoir avec d’autres associations nous permettent de toucher une autre population. Pour une association comme la nôtre, il est toujours difficile de dépasser le cercle élargi des convaincus. C’est pour cela que l’on privilégie actuellement les partenariats avec d’autres structures locales.
Quels sont vos projets dans l’immédiat ?
La dernière projection a eu lieu le 5 mai, avec le documentaire Sacré village et la présence des Colibris de Bourg-en-Bresse. La prochaine aura lieu le vendredi 2 juin, avec le documentaire Clandestins, une autre vie que la vôtre et l’on espère avoir des représentants des collectifs migrants de Bourg-en-Bresse et Hauteville.
Nous organiserons aussi une projection sous les étoiles, en nocturne début juillet au café associatif Le Margouillat à l’Abergement avec le film Pride.
Nous avons aussi un projet de partenariat avec le Centre Social Le Lavoir à Ambérieu-en-Bugey. Nous envisageons aussi une projection le vendredi 13 octobre, avec le film La Cigale, le Corbeau et les Poulets. La dernière séance de l’année aura lieu le vendredi 8 décembre.
Les projets ne manquent donc pas pour notre petite association qui compte une vingtaine de membres.