La surveillance des anarchistes

lundi 30 avril 2018
par  Gia

Dans le numéro 18 de l’Éclat, nous avions dressé le portrait de quelques trimardeurs catalogués comme anarchistes et traqués par la police. La liste est longue. Parcourons-la. On y voit des personnages, souvent marginaux, dont certains sont soupçonnés à tort d’appartenir au mouvement anarchiste. Parfois, ils s’en défendent. Par stratégie ? Sincèrement ? Rien ne permet de le savoir.

Gavard Jean-Marie est né le 6 octobre 1858 à Boège (Haute-Savoie). Il est cordonnier et fréquente les anarchistes de Carouge. Il se livre à la boisson et serait violent en paroles.

Giffart Charles Victor est né le 19 mars 1860 à Rougemont (Côte d’Or). C’est un chanteur ambulant. La police le surveille en tant qu’anarchiste, mais – selon le rapport de gendarmerie – il semble « inoffensif et plutôt simple d’esprit ».

Ginet Jean-Louis est né à Charlieu (Loire) le 17 août 1867. Il est marchand de papier à lettres. Le 16 juin 1896, alors qu’il séjourne à Saint-Rambert, il écrit au préfet pour déclarer qu’il n’est pas anarchiste, qu’il « ne comprend rien à l’anarchie ». Il demande que l’on cesse de le surveiller car cela le gêne dans son travail. Dans la même lettre, il déclare qu’il a fait quatre ans et un mois dans les colonies. Il s’était engagé en 1889 au quatrième régiment d’infanterie de marine. Il en est revenu avec une surdité complète qui ne cesse qu’en août 1893, alors qu’il est déjà marié. Julie Giletti, sa femme, voyage avec lui. Ils circulent avec une petite voiture à deux roues, dite baladeuse, tirée par trois chiens. Ils vendent des peignes et de la mercerie aux ouvriers qui sortent de la Schappe à Saint-Rambert.

Gravier Théophile Martin passe par Bellegarde en octobre 1894. Il est accompagné de sa femme et d’un enfant de 3 ans. Il exerce le métier de confiseur. Conscrit de la classe 95, il cherche à échapper au service militaire en se rendant à Genève.

Guérin Jean est né le 8 juin 1839 près de Villeneuve-sur-Lot. Il arrive à Oyonnax le premier octobre 1896. Avec sa fille et son gendre (nommé Commandeur), ils exploitent une pâtisserie ambulante, la Bordelaise. Catalogué comme anarchiste, on considère néanmoins qu’il est peu dangereux.

Guillet Anthelme est né le 18 septembre 1850 à Belley. Selon le rapport d’enquête du 9 janvier 1904, il appartient à une « honorable famille de Belley ». A cette date, il a subi une dizaine de condamnations pour faillite, coups et blessures, infraction à la police des chemins de fer, menaces de mort, infraction à un arrêt d’interdiction de séjour, filouterie d’aliments et outrages à agents. Il a vécu à Lyon et se déplace souvent. Le commissaire spécial de la gare de Lyon le signale comme suspect d’espionnage et fréquentant les bouges de Lyon. Quant à lui, il se présente comme voyageur en produits pharmaceutiques. Il se serait procuré des brochures à Grilly et à Versonnex, mais il ne semble pas connu dans ces communes.

Guillot François est né à Lorette (Loire) le 4 juin 1869. Il est colporteur ambulant mais travaille parfois comme manœuvre. Il se fait appeler Antoine Lopez. Le 4 juillet 1906, on l’emprisonne à Bourg-en-Bresse pour état d’ivresse. Le 5 décembre 1906, il est emprisonné à Nantua pour infraction à interdiction de séjour. On le condamne à deux mois de prison. Il est arrêté de nouveau à Bourg-en-Bresse le 22 février 1909 pour colportage d’allumettes de contrebande. Ensuite, on perd sa trace.

Hédin Philogone François est né le 24 juillet 1862 à Houvin Houvigneul (Pas-de-Calais). Il est colporteur, atteint de surdité complète. On l’arrête à Belley le 29 juillet 1903 pour outrage public à la pudeur et vagabondage. Il sera condamné à 8 jours de prison. Il a déjà à son actif neuf condamnations pour vagabondage.

Houdon Eugène Émile est né le 29 juin 1863 à Dreux. Il est mouleur sur fonte. Il échappe à la surveillance de la police à Chambon (Loire) et sera activement recherché dans l’Ain. Finalement, on l’arrête pour vagabondage à Bohas en mars 1900.