L’Éclat numéro 17
par

Un produit du marketing politique
La presse macronophile unanime salue l’élection du président Macron comme l’avènement d’une nouvelle ère politique. A qui mieux mieux, les fins commentateurs et autres experts de la pensée creuse tentent de nous faire avaler la pilule de l’originalité : jeunesse, dynamisme, innovation ouverture d’esprit, bienveillance non dogmatique. Toutes ces qualités conféreraient au nouveau gouvernement une stature inédite. Mais le placage qui recouvre cette clinquante pacotille politique s’écaille déjà au bout de quelques jours et la grande majorité de la population (qui s’est abstenue, a voté blanc, nul ou ne s’est pas inscrite sur les listes lors des dernières élections) ne s’y trompe pas.
Unité nationale : unité du capital
Le nouveau pouvoir tire sa prétendue légitimité d’une unanimité de bon sens qui dépasserait les clivages politiques. Sur quoi se fonde-t-elle ? En premier lieu, sur une vieille recette éculée (dont l’efficacité s’étiole à chaque scrutin) : le front républicain. Depuis 2001, l’habitude est prise de ne proposer au consommateur électoral qu’une alternative : le FN ou le produit périmé qui lui fait face. Ce fut encore le cas, un peu partout, lors des régionales ou des législatives. Mais le plat sent le réchauffé : l’épouvantail fasciste devient de moins en moins rentable et les politicards doivent trouver autre chose pour attirer le chaland.
De ce fait, les publicitaires macronistes ont lancé sur le marché un nouveau produit : la société civile. En voilà du renouveau ! Les professionnels de la politique doivent laisser place à des femmes et à des hommes comme vous et moi, ancrés dans la réalité, pétris de bons sens et de bonnes intentions. Mais l’emballage ne parvient pas à masquer la marchandise avariée qu’il tente de dissimuler. Que désigne cette supposée société civile qui fait son entrée à l’Assemblée ? Essentiellement des membres du patronat ! Le nombre de chefs d’entreprise à l’Assemblée a été multiplié par deux à la suite des dernières élections.
Le MEDEF au pouvoir
Gauche et droite, nous le savons depuis longtemps, ne sont que deux versions de la gestion du capital. Là où les uns défendaient ouvertement les intérêts des possédants, les autres le faisaient de façon (de moins en moins) hypocrite. Le mérite que l’on peut reconnaître au nouveau pouvoir, c’est celui de la clarté : Macron a annoncé la couleur dès le début en proclamant ouvertement du haut des ses ergots qu’il allait s’attaquer en priorité aux droits des travailleuses et des travailleurs, l’intérêt général étant identifié à l’intérêt du capital. En cela, le nouveau gouvernement ne fait que poursuivre, de façon plus cynique, l’œuvre du précédent.
La matraque enchantée
Dans la continuité de la politique menée par la gauche, les macroniens s’attachent à renforcer l’appareil répressif. L’état d’urgence, sans cesse prolongé, avait progressivement habitué la population au flicage permanent, à la restriction progressive et insidieuse des libertés et à l’auto-censure. Le nouveau pouvoir, estimant que les temps sont mûrs, veut inscrire l’exception dans la loi commune. L’arbitraire policier (dont la répression des manifestations contre la loi travail a fourni des exemples) deviendra la règle à laquelle tout le monde devra se soumettre.
Ne compter que sur nos propres forces
Comment contrer le dynamitage des droits sociaux et les atteintes aux libertés ? Comment, au-delà, construire une société libre et égalitaire ? N’attendons rien qui ne vienne de nous-mêmes. C’est à la base, par l’auto-organisation des luttes, que nous pourrons espérer parvenir à changer le monde. Un Front Social émerge, qui a organisé des manifestations un peu partout dans le pays. Il nous appartient de développer ce type d’initiatives afin de construire une grève générale à même de renverser tous les pouvoirs.