L’Eclat Numéro 08

lundi 9 février 2015
par  Gia

Mai 2013

Le Cahuzac, le pape et la vierge effarouchée.

L’affaire Cahuzac a déclenché une tempête de réactions politicardes et journalistiques dont les médias n’ont pas fini de nous abreuver. Corruption, discrétisation de la classe politique, crainte des réactions populistes fascisantes, tous pourris, moraline républicaine, crise politique, crise de régime : les mêmes rengaines, les mêmes litanies répétées sur tous les tons, assénées sur les ondes vont toutes dans le même sens. Elles concourent à faire croire que, si le système est corrompu par des individus malhonnêtes, il suffirait de le réformer pour le rendre humainement tolérable.

La gauche s’indigne, en vierge effarouchée, d’être trahie par un de ses ministres. Mélanchon (pseudo-révolutionnaire républicain) ose plagier le regretté Émile Pouget en appelant à un grand coup de balai. Quant à la droite et à l’extrême droite, drapées dans le voile marial de leur ardeurs ecclésiastiques, elles tentent de faire oublier les magouilles financières qui alimentent leurs caisses.

Face à ce fatras de fadaises réchauffées, quelle analyse libertaire peut-on opposer à ces discours ?

Les corrompus. La rengaine la plus fréquente consiste à s’offusquer d’une corruption qui relèverait de conduites individuelles. L’exemplarité, l’honnêteté seraient la règle que certaines exceptions ne suffiraient pas à infirmer. Certes, on ne peut nier que certains soient plus salauds ou plus gourmands que d’autres. Mais là n’est pas le problème. Dans une société fondée sur l’exploitation de l’humain par l’humain, il ne faut pas s’étonner du fait que certains abusent de leur position pour s’enrichir encore plus. Ce ne sont pas les abus du système capitaliste que nous dénonçons, mais sa nature même.

Le tous pourris. L’extrême droite en fait des gorges chaudes, c’est même une constante des discours fascistes ou fascisants. Elle prétend représenter les petits, les faibles, face aux élites corrompues.

Ce discours a eu et a encore un certain succès. Il est pourtant aisé de démontrer que l’extrême droite, même quand elle ravale sa façade sous un crépi social, a toujours été (et sera toujours) au service du capitalisme. La dénonciation de la classe politique, de même que la stigmatisation des immigréEs, vise à masquer les véritables clivages de notre société. Il n’existe pas de classe politique : les seules classes qui s’affrontent dans le rapport capitaliste sont le capital et le prolétariat. Si l’on veut contrecarrer les discours fascisants, nous ne pourrons le faire qu’en replaçant les conflits politiques dans le cadre de la lutte des classes.

Le spectre du populisme. La gauche brandit la menace d’un populisme qui se nourrirait des scandales visant les élus et remettrait en cause la démocratie représentative. D’où son souci de moraliser la vie politique sous prétexte de sauvegarder les institutions républicaines. Nous ne sous estimons pas le danger que représente aujourd’hui la montée de l’extrême droite en France et en Europe. Mais il ne faut pas pour autant tomber dans le panneau du front républicain (rappelons-nous les élections de 2002). La république n’est qu’une forme d’organisation politique visant à maintenir l’exploitation capitaliste. Elle ne peut avoir d’autre fonction. Nous n’avons aucun intérêt à œuvrer à sa sauvegarde. Pour nous, il n’existe qu’une seule démocratie : la démocratie directe dans une société autogérée.

Le mirage du partage des richesses. Slogan de la gauche et de certaines organisations syndicales, la répartition des richesses serait la solution aux inégalités croissantes. Il suffirait d’une volonté politique, d’autres gouvernants, pour qu’elle se réalise. Ce mythe se fonde sur une illusion : celle selon laquelle le capitalisme pourrait être réformé. Or, un système de production fondé sur le profit ne peut qu’être inégalitaire : l’accumulation du capital conduit à une baisse tendancielle du taux de profit et celle-ci ne peut être contrecarrée que par une exploitation plus intensive de la force de travail. Les inégalités ne sont pas un épiphénomène de cette société : elles lui sont consubstantielles.

Si nous voulons une véritable égalité entre les êtres humains, c’est dans le cadre du communisme libertaire que nous pouvons espérer y parvenir .


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