L’Eclat Numéro 10
par
Février 2014
Électionnite.
L’année 2014, c’est le moins qu’on puisse dire, s’annonce mal. Avec les municipales en mars et les européennes en mai, les politiciens de tous bords vont s’acharner à transmettre le virus de l’électionnite à des populations désabusées. La gauche, une fois de plus, a démontré son efficacité, c’est-à-dire son aptitude à imposer des régressions sociales que la droite aurait hésité à mettre en œuvre. L’accord sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi (ANI), obtenu grâce à la complicité de la CGC, de la CFTC et de la CFDT, avait déjà ouvert une brèche. Mais ce n’était pas suffisant. La gauche veut aller plus loin : le pacte de responsabilité annoncé par Hollande vise à baisser le coût du travail et à simplifier la vie des entreprises (traduisons : laisser les mains libres au patronat). Le MEDEF ne s’y trompe pas et claironne sur son site : Le MEDEF est prêt à s’engager aux côtés du Président de la République et du gouvernement dans ces chantiers. Il y a urgence à lancer concrètement les actions nécessaires. Notre pays et son économie ont la capacité de rebondir et de tirer profit de la mondialisation et des nouveaux défis qui sont autant d’opportunités de marchés. Avec une gauche pareille, plus besoin de droite ! L’UMP a du mal à faire entendre sa différence face à un PS qui réalise son programme. Quant au FN, frange radicale des intérêts du patronat, s’il dénonce l’euro libéralisme du gouvernement, c’est au nom du nationalisme et d’un produisons français que le Front de Gauche, plus républicain que jamais, affuble de haillons keynésiens ( le collectif Roosevelt en étant le pitoyable avatar). Espérons que lorsqu’il s’agira de participer à la grand messe électorale les prolétaires feront le bon choix : l’abstention.
Débâcle syndicale.
On aurait pu, naïvement, espérer que la réponse vienne des organisation syndicales. Malheureusement, engluées comme elles le sont depuis plusieurs décennies dans le dialogue social et la collaboration de classe, elles sont condamnées à consentir et à contribuer à la servitude volontaire du prolétariat. C’est ainsi que l’intersyndicale CFTC, CGT, CFDT, FSU, UNSA de décembre 2013 ne s’est réunie que pour pondre ce déchet : ces organisations confirment leur volonté de travailler ensemble à la définition de propositions et revendications permettant de défendre les salariés face à la situation économique et sociale difficile. Cette démarche de confrontation des analyses vise à parvenir à des propositions communes sur l’emploi, le pouvoir d’achat et les politiques salariales, la fiscalité et le financement public, les services publics et enfin le plan d’investissement européen proposé par la CES. Autrement dit : RIEN. Certaines de ces organisations sont plus honnêtes. Saluons l’UNSA qui se présente ouvertement comme la branche syndicale du gouvernement. C’est ainsi qu’elle déclare sur son site, à propos du pacte de responsabilité : Pour l’UNSA, dont la revendication prioritaire est l’emploi, le mot « pacte » n’est pas tabou. Elle estime même que la mobilisation conjointe des syndicats de salariés, des organisations d’employeurs et des pouvoirs publics est une des clés de l’efficacité pour défendre et créer des emplois. C’est dans cet esprit que l’UNSA a approuvé la loi de sécurisation de l’emploi et l’accord national interprofessionnel sur la formation professionnelle. Au moins, c’est clair : la collaboration de classe est érigée en principe.
Défendons l’action directe.
Pour nous, libertaires, seule l’action directe des prolétaires peut permettre de mettre un terme à l’exploitation capitaliste. C’est le mode d’action que les travailleuses et les travailleurs mettent en œuvre spontanément quand il s’agit de défendre leurs intérêts. Quand les salariéEs de Goodyear décident de retenir leurs chefs et d’occuper leur usine, c’est du bout des lèvres que le secrétaire général de la CGT daigne les soutenir en qualifiant leur action d’acte de désespoir. Non : l’action directe n’est pas un acte désespéré : c’est l’arme du prolétariat. A l’écart des mirages électoralistes et des rituels organisés par les bureaucraties syndicales, seule la créativité des exploitéEs et des dominéEs peut dessiner la perspective d’un monde nouveau.