L’Eclat Numéro 03
par
Décembre 2011
La dette et la crise dont on nous rabat les oreilles sont autant de prétextes permettant au capitalisme de mener une offensive sans précédent contre les travailleurs. Sous le masque de l’objectivité, les experts de tout poil, grands prêtres de la pseudo-science économique- fournissent des armes efficaces au service de la lutte des classes menée par les détenteurs du capital et leurs affidés.
Cette lutte s’intensifie et s’oriente essentiellement dans deux directions.
D’une part, elle vise les travailleurs et les travailleuses dans leur existence économique. L’augmentation du taux de profit ne peut être illimitée. Le capital accumulé devient improductif si les profits dégagés sont insuffisants. Pour rentabiliser le capital investi, il est vital de faire baisser le prix de la force de travail de façon directe ( comme en Grèce) ou de façon indirecte, en s’attaquant au salaire différé (comme ce fut le cas avec la contre réforme des retraites). Contre les arguties des spécialistes, rappelons que le capitalisme ne peut survire sans profit et que celui-ci se fonde sur l’exploitation de la force de travail.
Profitant d’une période où le rapport de forces est en faveur du capital, il s’agit, parallèlement, de briser toute velléité de riposte de la part des exploité-e-s. Cela passe d’abord par des dispositifs légaux visant à restreindre le droit de grève ou à rendre la grève inoffensive : déclaration préalable, service minimum dans les transports ou dans les écoles.. Un nouveau pas a été franchi en décembre avec l’envoi des pandores comme briseurs de grève dans les aéroports.
Par ailleurs,le pouvoir se présente comme une forteresse inaccessible, toute tentative de révolte étant étouffée dans l’œuf et ce de deux manières. La plus évidente, qui se banalise et ne choque même plus est celle de la brutale démonstration de force. C’est ainsi, par exemple que l’on a pu assister à un déploiement de gendarmaille sans précédent lors du contre G20 de Cannes en novembre. De même, les provocations auxquelles se livrent les voyous de l’institution policière lors des contrôles font partie du quotidien. Mais l’anéantissement de tout esprit de révolte s’accomplit de façon insidieuse et efficace par d’autres moyens : intériorisation de l’auto-censure, décervelage organisé par la pollution télévisuelle, esclavage consumériste.
Quelle riposte ?
En tant que libertaires, nous n’attendons rien de ceux qui se pressent au portillon à l’approche des élections de 2012. On sait depuis longtemps que les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, n’ont d’autre but que de gérer le capitalisme. Ceux qui prétendent l’humaniser ou le rendre moins injuste sont, dans le meilleur des cas, de doux utopistes, soit de purs salauds.
Quant aux centrales syndicales, même si la sincérité des militants de base est indéniable, elles assument chaque jour un peu plus leur fonction d’alliées objectives du pouvoir. Au nom de l’unité syndicale, elles pèsent de tout leur poids pour faire obstacle à la radicalisation et à l’extension des luttes. Ceci s’est vérifié lors des luttes sociales de 2009 et 2010. Le point culminant du renoncement a été atteint cet automne lors des pitoyables rassemblements du 11 octobre et du 13 décembre, honteusement nommés journées d’action. Même la rituelle grève carrée est devenue trop radicale aux yeux des bureaucrates syndicaux ! En lui substituant des rassemblements mortifères et des implorations à destination des élus, ne s’agit-il pas de décourager les travailleurs et de les persuader que toute velléité d’action est vouée à l’échec ?
Et les libertaires ?
Nous voyons deux axes permettant d’orienter notre action :
d’une part, à l’intérieur des organisations syndicales encore fréquentables ( et leur nombre se réduit comme peau de chagrin), nous devons peser pour faire respecter la démocratie syndicale et faire obstacle à la bureaucratisation et à la collaboration de classe.
d’autre part, en marge de ces organisations, nous devons renforcer et développer les collectifs de lute ( comme le collectif départemental pour la grève générale) afin de construire une authentique alternative à l’ordre social existant.