Création d’un Collectif Solidarité Migrants à Hauteville dans l’Ain.

samedi 2 mai 2015
par  Julien

Elle fait suite en quelque sorte à la création d’un autre collectif sur Bourg il y a quelques années, car il s’agit toujours du même problème, mais aussi parce qu’il s’agit des mêmes personnes concernées pour certaines.

On ne refera pas l’histoire du concept même de migration des êtres humains sur cette planète car elle est toujours la même, sauf que cette migration a de plus en plus lieu dans un monde clos et fermé sur lui-même, où chacun préfère voir crever le reste de la population mondiale derrière un écran, le tout affublé des commentaires rassurants de Claire Chazal . Mais quand la misère déboule sur le territoire, la plupart se contente de faire confiance aux services de l’État, en les espérant humanistes à souhait, surtout depuis qu’on a fait des révolutions et de grandes déclarations.
Depuis plus de deux ans, une décision préfectorale, inique par définition, vengeresse par contexte politique, a transféré une centaine d ’enfants, de femmes, et d’hommes demandeurs d’asile à Hauteville sur le plateau bugiste, les logeant dans un immeuble vide nommé « la Donchère ».

Pour mener à bien cette politique de déplacement de personnes, l’État se drape dans les habits d’une association loi 1901, ALFA 3 A, qui se targue, dans l’Ain, de gérer tout ce qui concerne l’accueil et la vie en général de ce public arrivé sur le territoire. Cette association n’est en fait qu’une institution de plus aux ordres des gouvernantEs, une officine pourrait-on dire.

Toutes ces personnes, devenues habitantes du plateau, mais avec des droits très restreints - sans par exemple celui de travailler - doivent composer leur vie de tous les jours entre les aides financières (ou non) que délègue pôle emploi pour leur survie, les décisions arbitraires d’acceptation ou de rejet de leur demande d’asile, la méfiance d’une partie des habitants officiels, ceux qui ont le droit d’habiter ici grâce à leur naissance, grâce à leur papiers, le tout après des expériences dans leur pays d’origine qui ont suffi à les faire fuir au travers des arcanes du sacro-saint espace Schengen.

La solidarité a mis un petit moment à s’exprimer dans ce coin de ruralité montagnarde, mais ça a marché : des initiatives individuelles (cours de français, permanence au centre social pour aider dans les cheminements de l’administration, implication de RESF 01, puis l’initiative de la CNT 01, ont permis d’initier le début d’une discussion autour de cette situation. Et cette discussion ne pouvait que devenir action.

La création de ce collectif a permis jusque là :

- de créer un lien fort entre les gens d’Hauteville et les migrantEs (soirée de soutien, rencontres diverses, etc...)

- d’apporter une aide substantielle aux migrantEs, autant en besoins de base qu’en aide juridictionnelle (opération caddie, aide directe, etc...)

- le maintien d’une quinzaine de familles déboutées de leur demande d’asile à la Donchère ; (ces familles, à l’issue des démarches administratives, de la gestion catastrophique d’Alfa 3a, et de la fin de la trêve hivernale, n’avaient pour autre choix que d’errer dans la rue)

- de créer un rapport de force évident face à l’autorité abstraite et néanmoins violente de l’administration sur des êtres humains qui ne demandent que le droit à une vie décente.

Jamais rien n’est acquis, et nous sommes sans arrêt confrontés au règne de l’urgence et des prochaines échéances pour que la vie de ces gens ressemble à autre chose que ce qu’ils vivent depuis si longtemps.

Mais on ressent fortement, à partir du moment où un groupe se forme, s’organise, à quel point il devient un grain de sable efficace pour gripper la machine.

Et sans ça, sans rien d’autre que des citoyens qui se contentent de voter, la machine, broie, écrase aveuglément.

Julien