Anarchistes emprisonné.es

dimanche 23 septembre 2018
par  Dyan

Se rappeler...

Le 11 juin, n’est pas seulement l’anniversaire de Jules Vallès, écrivain, membre de la commune et propagandiste libertaire mais il est également la journée de commémoration de toutes et tous les prisonniers et prisonnières anarchistes enfermé·es dans les geôles du monde (largement diffusée sur internet avec le hashtag #AnarchistPrisoner et #June11). C’est un bon moyen de rappeler notre attachement à la suppression de cette institution liberticide dans son sens global, comprenant les prisons mais aussi les centres de rétention administrative (véritable lieu d’enfermement pour majeur⋅e⋅s mais aussi pour mineur⋅es étranger⋅es, dont la durée d’enfermement peut dorénavant atteindre 90 jours).

La France : bonne élève.

L’État se sert donc désormais de l’enfermement, non seulement pour éloigner les opposants politiques les plus féroces (1), mais aussi et surtout comme force de dissuasion efficace contre les mouvement spontanés de la jeunesse, comme celui organisé contre le tri social induit dans la loi ORE (2).

Il est donc désormais nécessaire de rappeler la ferme opposition que nous formulons contre le système carcéral, qui n’est ni plus ni moins qu’un exemple du grand contrôle des masses par l’État mais aussi par le capital (multiplication des travaux de misère dans les tôles et accroissement de la gestion privée de la détention).

Nous traduisons ici quelques portraits d’anarchistes, enfermé⋅e⋅s, en commémoration de leurs luttes et comme piqûre de rappel de notre engagement contre l’incarcération :
Sources : https://june11.noblogs.org/

 [1]

SOURCES : https://june11.noblogs.org/ & wikipedia.

Marius Mason (USA)

Marius Mason est un prisonnier anarchiste, écologiste et défenseur des droits des animaux. En mars 2008, il est arrêté par les autorités fédérales pour des accusations liées à deux actes de destruction de biens commis entre 1999 et 2000 : dégradation d’un bureau lié à la recherche sur les OGM et destruction d’équipement de déforestation. Personne n’a été blessé. Il a été condamné à une peine d’emprisonnement à vie avant d’accepter une négociation de plaidoyer en septembre 2008.

Le 5 février 2009, devant un tribunal fédéral à Lansing, au Michigan Mason est condamné à 22 ans de réclusion - la plus longue condamnation de tout prisonnier écologiste.

The Green Scare est le nom donné aux arrestations de défenseurs des droits des animaux et écologistes qui ont été accusés d’actes de sabotage économique. Les autorités fédérales ont cherché des condamnations scandaleuses (souvent à vie) et ont publiquement et légalement qualifié les militants de « terroristes ».

Jennifer Gann (USA)

Jennifer Gann est une femme trans, anti-autoritaire et amazonienne insurgée, détenue pendant plus de 25 ans pour des vols à main armée ainsi qu’une attaque en 1995 contre un procureur de district et un gardien de prison. Elle a pris part à la grève de la faim de la prison de Folsom (Californie) en 1991, après quoi elle a été battue et torturée puis condamnée à perpétuité en vertu de la loi des trois infractions (3). Elle a passé plus de dix ans en isolement cellulaire à Folsom et à l’unité de logement sécuritaire de Pelican Bay (Californie). En dépit de tout cela, Jennifer continue à lutter pour la liberté, demeurant une anti-autoritaire, anti-impérialiste, anti-raciste, anti-fasciste et anticapitaliste engagée.

Nikos Romanos (Grèce)

Nikos Romanos, anarchiste, purge 18 ans de prison après avoir été arrêté et condamné avec trois camarades pour tentative d’expropriation à Velventos, d’une banque et d’un bureau de poste le 1er février 2013. Nikos était le meilleur ami d’Alexandros Grigoropoulos et était présent lors de son assassinat par la police, ayant déclenché une insurrection dans toute la Grèce en décembre 2008. En novembre 2014, il a entamé une grève de la faim pendant 31 jours, exigeant d’obtenir des congés scolaires pour pouvoir suivre des cours à l’université. En novembre 2015, lui et le combattant de la « Conspiration Cellule de Feu » Panagiotis Argirou ont lancé l’appel de « Décembre Noir », un mois d’actions et d’attaques coordonnées contre les prisons. De nombreuses attaques incendiaires et actions combatives sont eu lieu dans le monde entier en solidarité avec Nikos Romanos.

Jeremy Hammond (USA)

Jeremy Hammond, hacktiviste, devenu cause célèbre pour les défenseurs des libertés civiles et ceux qui sont préoccupés par les droits des dénonciateurs, est un jeune programmeur qui passe actuellement une dizaine d’années en prison. Son crime ? Fuite d’informations de la firme de renseignement privé Strategic Forecasting, révélant que celle-ci avait espionné des militants des droits de l’homme à la demande d’entreprises et du gouvernement américain.

En mars 2012, Jeremy est arrêté à son domicile de Chicago et inculpé de violations de la loi sur la fraude et les abus informatiques. Cette loi, écrite avant la création d’Internet, confère des pouvoirs étendus aux sociétés et aux procureurs pour criminaliser toute une gamme d’activités en ligne et poursuivre avec des peines extrêmes et disproportionnées.

Jeremy a plaidé coupable. Malgré le dépôt de près de 265 lettres de soutien demandant à la juge Loretta Preska de faire preuve de clémence, Jeremy a été condamné au maximum autorisé en vertu de son accord de plaidoyer : 10 ans de prison.

Depuis son arrestation, Jeremy est privé de liberté sous caution, coupé de sa famille et détenu à l’isolement - un traitement normalement réservé aux infractions les plus flagrantes.

Il n’aura été qu’un lanceur d’alerte. En février 2015, il est inscrit dans un fichier de personnes liées au terrorisme tenu par le FBI


[11 – Affaire de la voiture brûlée sur le Quai Valmy, Paris, mai 2016

2 – Interpellation massive et séquestration collective de lycéens en lutte au lycée Arago, Paris.

3 – En Californie, la loi carcérale permet l’emprisonnement à perpétuité en cas de 3 infractions en prison.


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